Comment Rosalie, Emile, Mélanie, Jules et leurs enfants ont-ils traversé la Grande Guerre ? Voici ce que Jean-Claude Farcy nous en apprend dans 1914-1918, le front de l'intérieur, l'Eure-et-Loir dans la grande Guerre : "L'ordre de mobilisation affiché dans la nuit du 1er août 1914 surprend la population, rurale, de l'Eure-et-Loir, en pleine moisson [...] L'Eure-et-Loir donne un bon exemple de l'emprise de la guerre sur la vie d'un département de l'arrière [...] Certes la population n'est pas exposée directement à la guerre, à l'exception du raid aérien du 15 août 1918 sur Chartres. Mais la présence militaire est quotidienne dans les nombreux dépôts de troupe [...] Le département voit également affluer, au rythme des offensives de l'été 1914 et 1918, les réfugiés belges et français fuyant les zones de combat [...] Surtout l'impact de la guerre est douloureusement ressenti par chaque famille craignant la visite du maire ou des gendarmes venant leur annoncer la mort d'un des leurs".
Emile n'est pas mobilisé, trop âgé, faisant partie de la classe 1886. Ce sont les classes 1887 à 1919 qui le seront. Il va participer, à l'arrière, à l'effort de production céréalière avec les hommes de plus de 50 ans, les femmes et les enfants. Sans doute a-t-il dû se séparer de son cheval, ces derniers étant réquisitionnés dès 1914. L'Eure-et-Loir est à l'époque un des premiers producteurs de céréales de France. La perte de plusieurs départements céréaliers va amener une très forte sollicitation pour nourrir les troupes et les civils. Afin d'augmenter le nombre de travailleurs, 800 Kabyles sont recrutés en 1915 pour la moisson, ainsi qu'une une compagnie tunisienne en 1917. Les prisonniers de guerre sont aussi affectés aux travaux des champs. Mais l'essentiel de l'apport est fait par les sursis d'appel ou le détachement des réservistes de l'armée territoriale, pour les mobilisés exploitants et ouvriers agricoles.
(Source : Collectif, 1914-1918 le front de l'intérieur, l'Eure-et-Loir dans la guerre, Chartres, Conseil Général, d'Eure-et-Loir, 2014)
Ce sera le cas pour Jules, classe 1893. Après une période de campagne, il est placé en sursis d'appel en 1916, au titre de batteur dans un village voisin. Ce sursis sera prolongé jusqu'en 1917, après une période de retour à son corps. En 1917, il est détaché dans ses foyers comme propriétaire exploitant pour être employé aux travaux agricoles.
Affiche : je suis une bonne poule de guerre.
Collectif, 1914-1918 le front de l'intérieur, l'Eure-et-Loir dans la guerre, Chartres, Conseil Général, d'Eure-et-Loir, 2014.
Auteure : Isabelle BROSSAUD, psychologue clinicienne et généalogiste familiale, 115 rue de Reuilly, 75012 Paris.
Pour le #challengeAZ2017.
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